Well You Treat Me Just Like - L

Well you treat me just like,
Another stranger, Well I'ts nice to meet you sir..
Libre (:

Je n'aimais pas cette journée. Premièrement car la bise piquante qui annoncait la prompte installation de l'automne dans cette région soufflait sans relâche sur la ville, obligeait la population à revêtir un manteau supplémentaire et ensuite car c'était aujourd'hui que je devais savoir si oui ou non, j'avais bien hérité du poste de Manequin qui était à pourvoir à Paradise Kiss. Etant à la rue ici, et n'ayant même pas encore assez d'argent pour payer mon premier loyer qui tomberait indéfectiblement à la fin du mois, ce travail était pour moi, d'une importance presque vitale, sinon nécessaire. Biensûr, j'aurais put aller demander un boulot de serveuse au café PlayBoy de la ville, qui permettait d'assez bien gagner sa vie, mais je n'avais pas envie de me dénuder tous les soirs et d'attirer les bestiaux instincts des hommes. Le métier d'hôte aurait autrement pût m'être possible, mais je ne gardais ce dernier qu'en dernier recours, après même le projet de devenir serveuse qui m'était horrible. C'était mannequin que je voulais devenir, m'y consacrer entièrement, en faire ma carrière. Et pour atteindre ce but, je n'avais pas réellement milles chemins. Il fallait postuler dans toutes les agences possibles et sauter sur toutes les occasions, quitte à être déloyale. Il me passait dailleurs dix pieds au dessus de la tête la notion de loyauté. Impitoyable envers mes concurrents, sans sens aucuns de quelques valeurs que ce soit. Mais si on voulais se faire une place dans ce monde, c'était de cette facon qu'il fallait s'y prendre. Et ca, ma mère me l'avait inculqué depuis ma plus tendre enfance.

Brusquement, je sortis de ces vaines réflexions, décrochant avec frébilité mon portable qui affichait le numéro de cette fameuse agence. Mon coeur eut quelques ratés tant l'espérance m'étreingnait la poitrine, mais après une respiration profonde, je fut en mesure de parler plus calmement d'une voix faussement assurée qui me fît plaisir.
A l'autre bout du fil, l'homme s'extasiait en éloges sur sa brillante agence qui ne comptait que les meilleurs mannequins, les femmes de caractère, les plus talentueux gérants, et que sais-je encore. Sans doute voulait-il m'épargner et hésitait-il quant-à m'annoncer que je n'était pas prise, faute de trop peu d'expérience. La mention de ma génitrice pourtant, effacait souvent ces dernières protestations. Dans cette curieuse ville pourtant, elle ne semblait pas être connue. Quoi qu'il en soit, l'impacience et le trac assuraient de plus en plus leurs emprise sur mon frêle être et je faillit demander ce qu'il en était pour finir de mes résultats si je n'avais pas fait un effort surhumain pour rester polie et ne pas tomber dans l'indécence. Mon ton de plus en plus tendut et forcé, dut néanmoins prendre le pas sur le contrôle de mes émotions car l'homme finit par déclarer ne pas vouloir me faire languir plus longtemps d'impatience dévorante. Me mordant presque à sang le lèvre inférieure, je retins instinctivement ma respiration alors que le gentilhomme, dont j'aurais sans doute aprécié la conversation en autre temps, m'assurait que rien ne devait entraver ma détermination car c'était un atout principal dans le monde du Show-Bizz. Il se passat encore quelques minutes, et enfin, je sut..
Mannequin, j'étais mannequin !! Ca y était, j'étais officiellement engagée à Paradise Kiss en tant que mannequin professionel, avec un salaire de 2000Willards par mois, un agent et une Bookeuse. Enfin, ma vie s'ouvrait devat moi, conrète.
La bouffée de joie qui m'emplit à cet instant était indescriptible. Après tant d'heures d'attente anxieuse, tant de travail, de découragements, de déceptions, mais aussi d'avancées, enfin, j'étais récompensée ! Le monde à cet instant, me parut même beau. J'avais un toit, j'avais un métier, j'avais une passion, j'avais un avenir concret. Ces murs qui me bloquaient le chemin depuis toujours parurent exploser, laissant place à un champs de roses.
J'eut quelque mal à ne pas hurler d'hystérie dans mon portable, mais après cinqs minutes de polis remerciements et la fixation d'un prochain rendez-vous pour mettre les dernières choses au point, il racrachait enfin.

Indifférente du regard des autres, j'éclatai d'un rire joyeux, qui me parut léger et insouciant. La vie me souriait enfin, et cela me faisait un bien fou.
D'un coup, l'automne me semblait une bien belle saison avec ses milles nuances ocres et le pannel de vêtements que sa fraîcheur faisait apparaître dans les boutiques. Cette journée que je n'aspirais qu'à oublier dès demain cinqs minutes plus tôt, je désirais soudain que jamais elle ne finisse. Tout reprenait peu à peu sa place dans ce monde de brutes, et cette douceur artificielle m'étais d'un coup nécessaire. Heureuse, heureuse, heureuse. Bonheur, bonheur, bonheur. Rien d'autre ne venait plus entacher mes pensées, et l'innocence jouée du monde me semblait plus belle chaque seconde qui passait